Rétrospective 2020 : L’agroalimentaire, une pierre deux coups : autosuffisance et exportation

Dr Nesrine Choucri Lundi 11 Janvier 2021-10:13:46 Chronique et Analyse
Al-Sissi veut transformer le désert en un espace vert par des actions réelles et palpables
Al-Sissi veut transformer le désert en un espace vert par des actions réelles et palpables

« Faire du désert un espace vert », un slogan répété constamment dans les années 80 et 90 sans que le rêve ne se réalise. Et avec le temps, le rêve était paru lointain et irréalisable. Mais en 2014, le Président Abdel Fattah Al-Sissi décide de fixer un plan clair et réalisable pour booster ce secteur. Aucune promesse vague n’a été faite : des chiffres et des plans ont été affichés. Leur réalisation est constamment annoncée graduellement et les fruits de la réussite sont devenus une réalité et vendus sur les marchés. 2020 n’est que le couronnement d’un processus lent, mais qui avance à pas sûrs et réels depuis 2014.

Le Progrès Egyptien vous offre dans ces quelques lignes un tour d’horizon d’exploits palpables dans le domaine de l’agriculture et l’alimentation en Egypte.

 

 

 

L’Egypte a toujours été depuis la nuit des temps une terre agricole. Sur les rives de la vallée du Nil, l’Egyptien antique a décidé de s’installer, se fixer, voire même vivre et bâtir l’une des plus grandes civilisations de l’Histoire de l’humanité. Les Anciens Egyptiens ne sont pas une civilisation de chasseurs-cueilleurs. Nos ancêtres ne sont pas non plus des nomades, mais plutôt des sédentaires qui ont excellé dans le domaine de l’agriculture au point de contrôler le Nil, la terre, et l’alimentation. Puis, ils ont construit loin du fleuve mythique de l’autre côté, un peu vers l’ouest leurs temples, leurs civilisations. Gloire et grandeur sont les mots clés qui résument ces chapitres de l’histoire.

Alors, leurs descendants ne pouvaient que leur emboîter le pas. Si les temps ont changé, et que la planète de nos jours connaît d’autres facteurs qui permettent d’introduire plusieurs changements vitaux, rien n’a changé en ce qui concerne la base de toute civilisation : l’agriculture source importante d’alimentation, voire d’autosuffisance alimentaire.

Conscient de ces faits, le Président  Al-Sissi a mis en place un plan très ambitieux en vue de réaliser une autosuffisance alimentaire tout en parvenant à booster l’agriculture et à rationaliser la consommation d’eau. En effet, le Chef de l’Etat est très attaché à la préservation des ressources agricoles et notamment aquatiques de l’Egypte pour les futures générations. D’où, son projet avance lentement, mais méticuleusement vu qu’il cible plusieurs objectifs à la fois. On ne parle pas seulement d’une pierre deux coups, mais plutôt d’une pierre une dizaine de coups. Bonification des terres, mise en place de réseaux d’irrigation modernes, construction de silos, tant de projets agricoles ou au service de l’agriculture ! Tant de projets qui ciblent un grand objectif majeur : l’autosuffisance alimentaire.

Evidemment le Sinaï, longtemps laissé à l’abandon et à l’oubli, est dans la ligne de mire des politiques de l’Etat et en tête des priorités de l’action présidentielle. Par ailleurs, le Président a veillé à y mettre en place des projets différents et variés pour le développer et le transformer totalement. C’est dans ce cadre que s’inscrit en 2020 le projet d’approvisionnement en eau et le développement du système agricole du Nord et du Sud du Sinaï. Ce projet vise à créer de nouvelles terres agricoles d'environ 13 200 feddans, à fournir des ressources en eau pour la restauration et la culture de 14 000 feddans, et à fournir 12 000 serres pour introduire la technologie moderne dans le domaine des cultures protégées au Nord-Sinaï et au Sud-Sinaï. Pour ce faire, un certain nombre d’éléments ont été pris en considération:

- La création de l'infrastructure nécessaire pour cultiver une superficie de 5.510 feddans, en plus d'ajouter des terres agricoles, d'assurer 3.000 emplois directs et 15.000 emplois indirects, de creuser environ 165 puits souterrains, en plus des générateurs pour extraire les eaux souterraines.

- La mise en œuvre de 13 conduites d'eau principales, en plus des réseaux d'irrigation principaux et secondaires dans chaque communauté agricole.

- Il a été convenu de prendre les mesures nécessaires pour signer un protocole de coopération entre le ministère de l'Agriculture et le Commandement unifié des forces de l'est du Canal pour le développement et la lutte contre le terrorisme au Sinaï (département du génie) pour la création de trois centres de services agricoles au Sinaï (un centre principal à Al-Nethila, et 2 centres secondaires à Al-Hassanah et Sahl Al-Qaa). Le coût du projet est de 2,5 milliards de LE, a-t-on appris du site officiel de la Présidence de la République sur Internet (version française).

S’ajoute à cela la création de 13 communautés agricoles au Sinaï du Nord et du Sud.  Ce projet vise à créer l'infrastructure nécessaire pour cultiver 5.510 feddans,  créer de nouvelles terres agricoles et offrir 3.000 emplois directs en plus de 15.000 emplois indirects. Il inclut également le forage d'environ 165 puits, en plus des générateurs, pour extraire les eaux souterraines. Outre la mise en place de 13 conduites d'eau principales et des réseaux d'irrigation principaux et secondaires dans chaque communauté agricole. 100% des travaux ont été réalisés selon le contrat d'accord exécutif signé entre le ministère de l'Agriculture et l'Autorité du Génie des Forces Armées. Il s’agit en l’occurrence des travaux de nivellement des terres et l’établissement des réseaux principaux d'irrigation. Plus l'établissement de serres pour (13) communautés (Baghda 61 km) - Al-Khafga Nakhl - Khachm  / Al-Kharm - al-Nawafaa / Al-Maghfar - Al-Dafif / Al-Hassna -Tiba Al-Ted - Tawil Al-Hamed - Om Mafrousse - Al-Nethila 2 /  Nakhl - Abo Rosas / Nakhl - Abo Rossas / Nakhl - Al-Seiheimi / Ras Sedr - Al-7ama / Ras Sedr). Le coût total s'élève à 1706 milliards de LE.

Parmi également les projets mis en place, figure celui de développement et de mécanisation agricole à Al-Minia et au Fayoum. Ce Projet vise à soutenir aussi à développer les machines et les équipements agricoles au service des petits agriculteurs, à assurer la durabilité de l'agriculture grâce au renforcement des capacités de la recherche, de l'orientation, des coopératives et des centres de mécanisation. 52 semoirs en terrasses de blé ont été fabriqués par l'usine militaire 999, déployés à Al-Minya et au Fayoum. Ainsi qu'ils ont été utilisés à plus grande échelle pendant la saison de croissance du blé 2019. L'infrastructure des centres d'excellence a été renouvelée et améliorée à Al-Minya (L'atelier central et la station de recherche à Mallawi) et au Fayoum (Atsa). La formation sur la mécanisation agricole a été dispensée aux ingénieurs, chauffeurs et techniciens des stations de mécanisation à Al-Minya et au Fayoum. Sur une superficie de 600 feddans, on a cultiver le blé en terrasses dans les différentes stations de coopération d'Al-Minya et du Fayoum, pour un coût total de 181 millions de LE.

Evidemment, ces projets qui permettent de produire doivent être accompagnés par une série d’entreprises pour commercialiser toute cette production. D’où le Chef de l’Etat a donné ses directives en vue de soutenir les petites et moyennes entreprises chargées de vendre les produits agroalimentaires à l’échelle nationale. Ces projets visent à développer la chaîne de production de poissons et de lait, à accroître l'efficacité, améliorer les capacités des travailleurs, et à fournir une assistance technique. Cela a permis également :

- La réhabilitation de 4 laboratoires centraux afin d'obtenir la certification ISO 17025.

- La réhabilitation de 7 centres de collecte de produits laitiers, ainsi que 3 fromageries afin d'obtenir la certification ISO (Chebin Al-Kom, Damanhour, Benha).

- La conception de la première pépinière des poissons marins pour les espèces de la mer Rouge et de coquillages à Fayed (Al-Bohayrat Al-Morra).

- La fourniture et le fonctionnement de deux unités d'adaptation pour les alevins à Achton Al-Gamil à Port-Saïd.

- La création d'une ferme piscicole au 21 km à Alexandrie.

Ce projet a été accompagné par un autre : le développement des centres de services intégrés pour la production agricole. Un soutien a été fourni aux coopératives agricoles, aux ONG et aux groupes d'agriculteurs en Haute-Egypte dans le but d'améliorer les exportations et la compétitivité sur les marchés locaux des cultures horticoles. Pour ce faire, il a fallu créer des centres de collecte et de commercialisation des cultures horticoles ainsi que de  développer les centres de services intégrés pour la production agricole à Béni Soueif (Centre d'Al-Fachn / Centre de Sumasta), Al-Minya (Beni Mazar / Samalout), Assiout (Centre d'Al-Qawsa), Qena (Centre de Qena), pour une véritable coopération avec les sociétés d'exportation et les associations locales de commercialisation agricole.

Les réalisations de 2020 sont réellement le couronnement de tout un processus qui avait été mis en place depuis plusieurs années. Un regard vers les années précédentes permet de connaître que ce secteur a été marqué par d’innombrables exploits. Les années 2019 et 2018 constituent les années les plus fructueuses pour l’agriculture.

Parmi les projets grandioses que l’on ne peut oublier figure l’inauguration de la première et la deuxième phase du projet de serres à la base Mohamed Naguib. Le Président Al-Sissi a en effet inauguré la deuxième phase du secteur des cultures de la base Mohamed Naguib. Le projet est construit sur une superficie de 10 000 feddans, qui comprend 1 300 serres, et une production équivalente à environ un million de feddans. Ce projet de serres est le plus important au Moyen-Orient pour combler le fossé entre la production et la consommation et optimiser l'utilisation des terres agricoles tout en rationalisant l'utilisation de l'eau d'irrigation de 15% à 20%.

La base militaire Mohamed Naguib comprend 1.302 maisons agricoles dotées des dernières technologies internationales. La superficie d’une maison varie de 3 à 12 feddans sur une superficie de 500 feddans.

Le projet de serres contribue à rationaliser  l'utilisation de l'eau et à développer de nouvelles variétés de coton, ainsi qu'à fournir des légumes frais, semences, pépinières, centres de fabrication et de commercialisation, centres de recherche et d'innovation, et contribue également à augmenter les exportations agricoles égyptiennes, à créer des communautés de développement agricole intégré et à créer plus de 15 000 emplois pour les jeunes.

N’oublions pas aussi le projet « Mazraa Al-Amal » (Ferme de l’Espoir). Il est situé à l'est d'Al-Qantara, sur une superficie de 100 feddans, contenant 529 serres d'une superficie totale de 100 feddans. Y travaillent environ 300 ingénieurs et travailleurs agricoles du gouvernorat d'Ismaïlia, dont les produits sont distribués par des points de vente dans les villages environnants, à l'Est d'Al-Qantara. Il a commencé en 2018.

Il est à noter que plusieurs fermes de culture protégées ont été mises en place dont la ferme Abou Sultan. Le site d'Abou Sultan, situé au sud de la région d'Abou Sultan sur une superficie de 12.500 feddans, comprend 2.350 fermes de moyenne technologie, chacune d'une superficie de 2,5 feddans, offrant 20.000 chances d'emploi. Notons que le démarrage était en avril 2019. La mise en place d’un élévateur à eau d'une capacité de 200 mille m3 / jour au bord du Canal de Suez, est déjà achevée, de même que la mise en œuvre des travaux d'électricité par la Société nationale d'agriculture protégée grâce à la création d'une centrale électrique d'une capacité de 80 MVA à partir de la centrale électrique d'Abou Sultan.

Il y a également la ferme Al-Lahoune pour l’agriculture protégée au Fayoum. Elle a été établie sur une superficie de 13 mille feddans, dans la région d'Al-Lahoune au Fayoum, et  contient 2.000 fermes de moyenne technologie. La superficie d'une maison est de 2,5 feddans, conçue et fabriquée par les ingénieurs de l'entreprise et un groupe d'entreprises nationales. Ce projet a une capacité de tri de 800 tonnes / jour, et une capacité de stockage réfrigéré de 1.800 tonnes, suffisantes pour la consommation de 2,7 millions de citoyens, et pour fournir les produits alimentaires de base aux citoyens. Notons aussi la ferme du 10 Ramadan pour les cultures protégées. Ce projet est situé au nord de la ville du 10 Ramadan. Le site a été établi sur une superficie de 4.100 feddans, et 200 feddans ont été ajoutés à ses plantations de mangues ouvertes. Le projet comprend une usine de tri et d'emballage conçue conformément aux dernières méthodes technologiques et aux normes internationales de qualité.

Sans répéter trop de slogans, ni même faire des promesses intenables, le Chef de l’Etat a cherché à exploiter tous les outils possibles pour transformer l’immense désert sinaïtique ou égyptien en terres vertes et productives. Un projet qui vise à travers toutes les étapes de sa réalisation à atteindre l’autosuffisance alimentaire, booster l’exportation et à rationaliser la consommation d’eau dans l’agriculture. L’eau, cette richesse précieuse qu’Al-Sissi vénère et protège !

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